L’EDP-Santé permet de documenter de manière fine les inégalités de santé

Paru le 27/07/2023

Interview de Benoît Ourliac, Sous-directeur, chargé de l’Observation de la santé et de l’assurance maladie.


La DREES a poursuivi ses publications sur le statut vaccinal des personnes hospitalisées et décédées du Covid-19, avec quelques ajustements méthodologiques. Quels en sont les principaux enseignements ?

Les travaux de la DREES ont permis de disposer d’un suivi hebdomadaire en quasi-temps réel des effets de la vaccination. Cette réactivité, rendue possible grâce à l’exploitation de données issues des systèmes d’information déployés pour la gestion de la crise sanitaire, a pour contrepartie des imperfections, inhérentes aux bases de gestion de ce type, qui contiennent des dizaines de millions d’enregistrements actualisés quotidiennement. Ces imperfections ont été documentées en toute transparence. Les investigations méthodologiques nous ont amenés à conclure que les ajustements n’étaient pas de nature à remettre en cause les résultats publiés par la DREES, qui montrent l’existence d’une protection importante conférée par la vaccination sur les risques d’hospitalisation et de décès. Cette protection est confirmée par les résultats d’études internationales basées sur des données en vie réelle dans d’autres pays.

L’EDP-Santé contribue à documenter les inégalités sociales de santé. De quoi s’agit-il ?

La DREES a procédé à l’appariement de deux sources d’information importantes : l’échantillon démographique permanent (EDP) de l’Insee, avec de nombreuses informations sur le niveau de vie et la trajectoire professionnelle des personnes, et le Système national des données de santé (SNDS), avec des données sur la consommation et les parcours de soins des bénéficiaires de l’Assurance maladie. L’EDP-Santé, né de ce rapprochement, donne la possibilité de mesurer les inégalités sociales quant à l’apparition ou à la présence d’un problème de santé et aux prises en charge des personnes. Les résultats mettent en évidence un fort gradient social pour la quasi-totalité des maladies chroniques. Ils permettent d’établir qu’il existe non seulement un clivage tranché entre les plus modestes et les plus aisés, mais que ce gradient est par ailleurs présent à tous les niveaux de vie. Les travaux seront poursuivis et étendus à d’autres types de pathologies et prises en charge.

En 2023, la DREES réalise une enquête nationale dans tous les services des urgences de France. Dans quel but ?

La fréquentation des urgences est en forte hausse depuis plus de vingt ans, en raison notamment du vieillissement de la population, du développement des maladies chroniques et des tensions sur l’offre en soins de premiers recours. Cette enquête, effectuée le 13 juin 2023, dans tous les services d’urgences de France, y compris dans les DROM, contribuera à avoir une photographie nationale exhaustive sur vingt-quatre heures. Les résultats éclaireront les évolutions structurelles majeures des urgences depuis dix ans, en les comparant à ceux obtenus en 2013. Ils donneront lieu à plusieurs publications en 2024.
 

Pour aller plus loin :
-    Les maladies chroniques touchent plus souvent les personnes modestes et réduisent davantage leur espérance de vie
-    En France, les AVC sont plus fréquents, plus graves et moins souvent pris en charge en unité spécialisée pour les personnes les plus modestes

Cette interview est issue du rapport d’activité 2022 de la DREES

Ce rapport revient sur l’aboutissement de travaux importants sur la protection vaccinale, les inégalités sociales de santé, le handicap et l’autonomie, ou le non-recours aux prestations sociales… La DREES y donne également un aperçu de ses travaux sur la situation des professionnels du médico-social et de la santé ou sur les effets des politiques publiques en matière de retraite.