Résumé
Entre fin 2003 et fin 2017, les effectifs salariés du secteur hospitalier ont progressé de 14 %, passant de 1,2 million de salariés à 1,4 million. Le taux de croissance annuel de ces effectifs s’atténue néanmoins depuis 2010, passant de +1,6 % fin 2010 à +0,3 % fin 2016. Au 31 décembre 2017, les effectifs salariés hospitaliers enregistrent même un léger repli (-0,3 %).
Une progression des effectifs plus rapide dans le privé que dans le public
Les effectifs salariés du secteur privé ont connu une augmentation plus rapide (+20 % entre fin 2003 et fin 2017) que ceux du public (+12 %). De ce fait, le poids du secteur privé dans l’ensemble des effectifs salariés hospitaliers a augmenté, passant de 21,7 % des effectifs totaux à 22,9 %.
Une augmentation des effectifs observée pour presque tous les groupes de professions
Entre fin 2003 et fin 2017, les personnels médicaux au sens large [1] ont connu la plus forte augmentation en termes d’effectifs (+30 %). Parmi eux, les effectifs de médecins et assimilés ont augmenté de 20 %, le nombre d’internes de 76 % et le nombre de sages-femmes de 34 %, en lien avec l’extension du numerus clausus sur la période. Les effectifs salariés d’infirmiers ont progressé de 23 %, ceux d’aides-soignants et de personnel administratif de 15 % chacun.
Une évolution de la structure des effectifs hospitaliers vers davantage de personnels médicaux et d’infirmiers
La part des personnels médicaux a nettement augmenté depuis 15 ans : elle est passée de 10,2 % à 11,7 % des effectifs totaux. La part des infirmiers a progressé encore plus, de 24,1 % à 26,0 %, tandis que celles des aides-soignants (21 %) et des personnels administratifs (11 %) sont restées stables. Enfin, la part des « autres personnels » a reculé de 34,0 % à 30,4 %. Cette structure du personnel, qui vaut pour l’ensemble des effectifs du secteur hospitalier, est sensiblement différente entre le secteur du privé et le secteur public : le premier compte moins de personnels médicaux (probablement parce qu’une grande proportion de médecins exerce en libéral et non sous statut salarié dans ces établissements privés) mais un peu plus de personnels soignants non médicaux.
Une baisse des effectifs de sages-femmes dans le privé depuis 2010
Depuis 2010, deux groupes de professions ont vu leurs effectifs salariés reculer. C’est d’abord le cas des sages-femmes du secteur privé. Jusqu’en 2010, leurs effectifs salariés ont progressé de manière similaire dans les deux secteurs, public et privé, puis ils ont continué à augmenter dans le public tandis qu’ils ont légèrement reculé dans le privé (-1,7 %). Ceci fait écho au fait que le secteur privé a réduit son implication dans les activités périnatales et que de nombreuses maternités privées ont fermé. Entre 2007 et 2017, le nombre d’accouchements réalisés par les cliniques privées a ainsi baissé de 40 000 au profit des maternités publiques qui concentrent 68 % des accouchements en 2017, contre 64 % en 2007.
Une baisse des effectifs « autres personnels soignants » dans le public depuis 2010
Dans le secteur public, les effectifs salariés des « autres personnels soignants » [2] ont connu une baisse sensible depuis fin 2010 (-5,2 %). Celle-ci pourrait s’expliquer par la baisse des contrats aidés en 2016 et 2017 [3]. En effet, dans la fonction publique hospitalière (FPH), de nombreux contrats aidés concernent les agents de service hospitaliers (ASH), profession majoritaire au sein des « autres personnels soignants ». Dans le secteur privé, les effectifs de ce groupe sont moins dépendants des contrats aidés et ont continué à augmenter ces dernières années.
[1] Médecins et assimilés, internes et sages-femmes
[2] Ce groupe hétérogène comprend les agents de service hospitaliers (ASH), le personnel d’encadrement des services de soins, le personnel de rééducation et les psychologues.
[3] Insee (2019, mars). « En 2017, l’emploi public est quasiment stable malgré la diminution des contrats aidés ». Insee, Insee Première, 1741.
Méthodologie
Plusieurs publications donnent des éléments sur l’emploi salarié du secteur hospitalier, qui renvoient à des notions et des périmètres variables. Ces différentes mesures, tout en étant compatibles entre elles, sont marquées par des spécificités de champ et de concepts qui ne sont pas toujours suffisamment documentées, si bien que cela nuit à l’usage qui peut en être fait pour éclairer le débat public sur ce sujet.
Avec ce dossier, la DREES rend compte de la méthodologie qu’elle a retenu en matière de suivi statistique des effectifs hospitaliers, après un long travail d’exploration et de comparaison des données qui alimentent les publications existantes. Ce travail a conduit à creuser trois sources de données administratives distinctes : le système d’information des agents du secteur public (SIASP, Insee), le fichier des déclarations annuelles de données sociales « grand format » (DADS-GF, Insee) et la statistique annuelle des établissements de santé (SAE, DREES). Des différences majeures entre SIASP-DADS, d’une part, et la SAE, d’autre part, rendent ces sources difficiles à apparier au niveau de la donnée élémentaire.
Pour cette raison, la méthode pragmatique retenue consiste à combiner les atouts de chaque source, pour produire des données sur les effectifs salariés en personnes physiques présents au 31 décembre dans les établissements du secteur hospitalier. En production courante, les estimations s’appuieront désormais sur des extractions de données SIASP pour le secteur public et DADS-GF pour le secteur privé : ces données, qui sont construites à partir des fichiers de paie des établissements, donnent, en effet, l’image la plus fiable des effectifs réellement sous contrat dans le secteur hospitalier.
Consulter
- La publication Charnoz, P., Delaporte, A., Dennevault, C., et al. (2020, décembre). Évolution des effectifs salariés hospitaliers depuis 15 ans. Méthodologie de construction d’agrégats nationaux. DREES), Les Dossiers de la DREES, 69.
- En savoir plus BA, A. Y., Duval, J. (2018, mars). L’emploi dans la fonction publique en 2016 - L’emploi augmente sauf dans le versant territorial. Insee, Insee Première, 1691.