Suivi mensuel des prestations de solidarité pendant la crise sanitaire Édition d’avril 2021

Paru le 30/04/2021

La baisse du nombre d’allocataires du RSA et de l’ASS amorcée fin 2020 se poursuit début 2021
 

La baisse du nombre d’allocataires du RSA et de l’ASS amorcée fin 2020 se poursuit début 2021

Dans le contexte actuel de crise sanitaire, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie chaque mois un tableau de suivi des prestations de solidarité, réalisé avec le concours des organismes gestionnaires de ces prestations. Cette publication vise à rassembler et mettre à disposition les données mensuelles disponibles les plus récentes et à éclairer les effets de la crise sanitaire, y compris à l’échelle des territoires, sur l’évolution de la pauvreté en France. L’édition d’avril confirme la baisse amorcée fin 2020 des effectifs du revenu de solidarité active (RSA) et de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), après la forte hausse observée entre le printemps et l’automne de 2020. Si le niveau des effectifs fin février du RSA reste bien plus élevé que celui d’avant la crise sanitaire, celui fin janvier de l’ASS est maintenant du même ordre.

En baisse depuis décembre, le nombre d’allocataires du RSA continue de diminuer en février 2021
Fin février 2021, 2,02 millions de foyers perçoivent le RSA, soit une augmentation de 4,8 % par rapport à février 2020. En hausse à la suite du premier confinement, du fait de la détérioration de la situation économique, la croissance en glissement annuel
1 des effectifs du RSA a augmenté jusqu’en août, où elle a atteint son maximum (8,6 %). La croissance du nombre d’allocataires est moindre en octobre et novembre2 et, pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, le nombre d’allocataires du RSA a diminué en décembre. Cette baisse des effectifs se poursuit en janvier et février : -58 000 allocataires au total entre fin novembre et fin février. Malgré cette baisse, le niveau des effectifs reste élevé et bien supérieur à celui d’avant la crise sanitaire, le nombre d’allocataires étant resté proche de 1,9 million de janvier 2017 à février 2020.

En baisse depuis octobre, le nombre d’allocataires de l’ASS retrouve son niveau d’avant-crise
Fin janvier 2021, le nombre d’allocataires de l’ASS indemnisés en fin de mois s’élève à 346 800 personnes, soit une baisse de 1,2 % par rapport à janvier 2020. Après une diminution continue depuis 2015, interrompue par le premier confinement, les effectifs de l’ASS ont fortement augmenté entre mai et septembre 2020 (+11,2 %) avant de diminuer chaque mois depuis octobre (-8,9 % entre septembre et janvier 2021). Cette baisse résulte, en partie, des mesures de prolongation des droits à l’allocation chômage prises par le Gouvernement pendant le deuxième confinement
3, qui ont de fait limité le nombre d’entrées dans l’ASS. En janvier 2021, les effectifs retrouvent leur niveau d’avant crise et même un niveau légèrement inférieur, puisqu’il y avait 350 900 allocataires en février 2020.

La crise sanitaire a pesé sur la croissance des effectifs de la prime d’activité
Fin février 2021, 4,48 millions de foyers bénéficient de la prime d’activité, comme en février 2020, juste avant la crise. Les effectifs ont légèrement augmenté durant le premier confinement (+1,4 % entre février et mai 2020) puis ont diminué à l’issue de celui-ci (-3,4 % entre juin et août 2020). Ils sont repartis à la hausse entre août et décembre (+4,0 %), dépassant légèrement leur niveau d’avant-crise, avant de diminuer de nouveau en janvier et février. Selon la CNAF, le nombre de foyers allocataires de la prime d’activité demeure largement inférieur à celui qu’il aurait été si la crise sanitaire n’avait pas eu lieu
4.

Une stagnation des effectifs de l’AAH depuis août 2020
Fin février 2021, 1,19 million de personnes
5 bénéficient de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), soit une augmentation de 1,7 % en un an. Alors que la hausse des bénéficiaires de l’AAH est une tendance constatée sur le long terme, leur nombre est relativement stable depuis août, l’évolution observée en janvier et février relevant pour l’essentiel d’un effet saisonnier.

Après une forte baisse en janvier, le nombre d’allocataires d’une aide au logement diminue encore en février
Fin février 2021, 5,91 millions de foyers
6 perçoivent une aide au logement. Alors que le taux de croissance en glissement annuel était négatif chaque mois depuis octobre 2018 (compris entre -1,3 % et -0,4 %), signe d’une lente baisse des effectifs, il est devenu nul en avril 2020 (+0,1 %) et est redevenu positif en mai (+0,5 %). Depuis, il a augmenté continuellement pour atteindre +2,5 % en novembre. Les effectifs de novembre 2020 sont les plus élevés de la période 2017-2021. En décembre, le nombre de foyers bénéficiaires d’une aide au logement se stabilise puis il diminue en janvier (-8,4 % en un mois). La baisse de janvier s’explique en partie par un effet saisonnier mais elle est plus forte que les années précédentes7.
L’écart résulte notamment de la mise en place de la « contemporanéisation » des aides au logement à partir du 1er janvier 2021. Dorénavant, les aides au logement sont calculées sur la base des ressources des 12 derniers mois et non plus sur celles de l’année n-2 et les droits sont recalculés tous les trois mois (contre tous les ans auparavant). Pour autant, l’ampleur précise de la baisse ne pourra être analysée qu’avec la publication des données dites définitives de la CNAF, la réforme en question ayant potentiellement modifié à la fois la saisonnalité et le lien entre les données dites semi-définitives (utilisées pour ce communiqué de presse) et les données définitives. En février, le nombre de foyers bénéficiaires d’une aide au logement continue de diminuer.


En janvier 2021, le nombre de bénéficiaires de la Garantie jeunes rattrape son niveau d’avant-crise

Fin janvier 2021, 89 600 jeunes bénéficient d’un accompagnement dans le cadre de la Garantie jeunes contre 88 900 un an auparavant, soit une légère hausse de 0,8 %. Le nombre de bénéficiaires rattrape ainsi son niveau d’avant-crise. Les entrées initiales dans ce dispositif, quasiment interrompues par le premier confinement, ont rebondi fortement au mois de juin (9 200 contre 1 800 en mai) tout en restant proches de celles de juin 2019 (8 600). Le nombre cumulé d’entrées initiales entre juin et novembre 2020 est de 15 % supérieur à celui observé entre juin et novembre 2019. En novembre 2020, pendant le deuxième confinement, le nombre d’entrées initiales (12 700) a atteint son plus haut niveau depuis la mise en place du dispositif. Les entrées initiales dans la Garantie jeunes demeurent très dynamiques depuis : +31 % en décembre 2020 et janvier 2021 par rapport à décembre 2019 et janvier 2020.
Le nombre d’allocataires de la Garantie jeunes, c’est-à-dire de jeunes qui, en plus de l’accompagnement, perçoivent l’allocation associée à la prestation, a lui aussi diminué suite au premier confinement, passant de 76 300 en mars à 65 800 au mois de septembre. Il remonte depuis octobre et s’élève à 72 500 en novembre
8.

En mars, neuf repas à 1 euro par étudiant bénéficiaire ont été servis en moyenne, soit deux repas de plus qu’en février
Fin mars 2021, 378 400 étudiants ont bénéficié au moins une fois dans le mois d’un repas à 1 euro
9, soit une hausse de 24 % par rapport au mois de février. Cette hausse est plus marquée pour les étudiants non boursiers (+27 % contre +20 % pour les étudiants boursiers). En mars, 225 000 étudiants non boursiers et 153 500 étudiants boursiers ont bénéficié d’un repas à un euro. Après une forte baisse en novembre 2020, liée au deuxième confinement, au passage de l’intégralité des enseignements en distanciel et aux vacances scolaires, les effectifs d’étudiants boursiers ayant bénéficié des repas à 1 euro remontent depuis janvier mais restent inférieurs à ceux observés en septembre, à la mise en place du tarif (188 500).
En mars 2021, 41 % des étudiants bénéficiaires de repas à 1 euro sont boursiers, part semblable à celle des boursiers sur critères sociaux parmi l’ensemble des étudiants en 2019-2020 (39 %) et à celle observée en février (42 %).
Le nombre moyen de repas par bénéficiaire a augmenté de deux repas par mois par rapport à février, pour s’établir à près de neuf repas en mars
10. Ce nombre passe de six à huit pour les étudiants non boursiers et de sept à neuf pour les étudiants boursiers. La progression du nombre de repas moyen par personne s’explique en partie par la reprise des enseignements en présentiel au sein des établissements d’enseignement supérieur – au plus tard le 8 février 2021 et à raison d’une journée par semaine pour les étudiants – qui s’est traduite par une fréquentation des structures de restauration universitaire relativement conforme à celle habituellement observée en mars. Cette hausse peut aussi s’expliquer par un effet calendaire (le mois de mars est plus long que le mois de février et ne comporte pas de vacances scolaires) et par la réouverture progressive des structures de restauration .

Le nombre d’étudiants bénéficiaires d’une aide financière ponctuelle versée par le Crous continue d’augmenter en mars
En mars 2021, 11 700 étudiants ont bénéficié d’une aide spécifique ponctuelle attribuée par les services sociaux des Crous en cas de situation d’urgence ou de détresse avérée, contre 8 000 un an auparavant, soit une hausse de 47 %. Le montant total des aides attribuées s’élève à 4,9 millions d’euros (contre 2,9 millions en mars 2020), pour un montant mensuel moyen d’environ 420 euros par bénéficiaire. Le nombre de bénéficiaires, déjà plus élevé à la rentrée universitaire 2020-2021 que lors de la précédente (+22 % en glissement annuel en septembre 2020), augmente fortement pendant le deuxième confinement (passant de 7 600 en octobre à 11 500 en novembre) puis diminue jusqu’en janvier (10 400 en décembre et 9 100 en janvier). Il remonte depuis février pour atteindre, en mars, un niveau légèrement supérieur à celui observé en novembre. Le montant total des aides attribuées en mars 2021 a augmenté de 69 % par rapport à mars 2020 , en raison principalement de l’augmentation du nombre de bénéficiaires mais aussi de la hausse du montant mensuel moyen par bénéficiaire (+15 %).

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Précisions méthodologiques
Le tableau de suivi des prestations de solidarité fournit des informations sur les effectifs nationaux et départementaux des allocataires du revenu de solidarité active (RSA), de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), de la prime d’activité, des aides au logement et des bénéficiaires de la Garantie jeunes. Depuis l’édition de février, il s’est enrichi de données nationales et régionales sur des aides destinées aux étudiants.
Sauf pour la Garantie jeunes et les aides destinées aux étudiants, les données qui portent sur les cinq derniers mois publiés sont provisoires et donc susceptibles d’être révisées dans les prochains mois. Les données sur les aides destinées aux étudiants qui portent sur le dernier mois publié le sont également. Dans certains cas, les données ont fait l’objet d’estimations de la DREES. Les effectifs ne sont pas corrigés des doubles comptes : par exemple, une personne qui bénéficie du RSA, de la prime d’activité et des aides au logement sera comptée à la fois parmi les allocataires du RSA, de la prime d’activité et des aides au logement.

Pour en savoir plus :
> Cabannes, P-Y., Calvo, M., Echegu, O. (2020, décembre). Plus de 2 millions d’allocataires du RSA fin octobre 2020. DREES, Études et Résultats, 1175.

> Cabannes, P.-Y., Richet-Mastain, L. (dir.), Calvo, M. (coord.) (2020, septembre). Minima sociaux et prestations sociales – édition 2020. Paris, France : DREES, coll. Panoramas de la DREES-social.

> Des données annuelles sur le RSA, l'ASS, l'AAH et la prime d'activité sont disponibles au niveau national et par département en série longue dans l’espace Open Data, thème « Minima sociaux et pauvreté », jeu de données « Minima sociaux, RSA et prime d’activité » : https://data.drees.solidarites-sante.gouv.fr/pages/accueil/

> Des données annuelles sur les aides au logement et la Garantie jeunes en série longue sont disponibles dans le Panorama de la DREES : « Minima sociaux et prestations sociales - édition 2020 », fiches n°34 et 37

> CNAF (2021, janvier). Estimations avancées des évolutions des foyers allocataires du RSA. CNAF, RSA conjoncture, supplément exceptionnel lié à la Covid-19.

> CNAF (2021, janvier). Le revenu de solidarité active fin septembre 2020. CNAF, RSA conjoncture, 32.

> CNAF (2021, janvier). Estimations avancées des évolutions des foyers allocataires de la prime d’activité. CNAF, Prime d'activité conjoncture, supplément exceptionnel lié à la Covid-19.

> Consulter les open data de la Cnaf et de Pôle emploi et la plateforme PoEm de la Dares.

1 La croissance en glissement annuel un mois m est le taux de croissance entre l’effectif du mois m-12 et celui du mois m.
2 Selon la CNAF, cette croissance serait principalement liée à un effet saisonnier.
3 Les droits à l'allocation chômage sont prolongés jusqu'au 31 mai 2021 pour les demandeurs d’emploi indemnisés au titre de l’ASS et de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE), arrivant en fin de droits entre le 30 octobre 2020 et le 31 mai 2021 (Arrêté du 9 décembre 2020 portant mesures d'urgence en matière de revenus de remplacement mentionnés à l'article L. 5421-2 du code du travail).
4 CNAF (2021, janvier). Estimations avancées des évolutions des foyers allocataires de la prime d’activité. CNAF, Prime d'activité conjoncture, supplément exceptionnel lié à la Covid-19.
5 Cet effectif concerne uniquement le régime général (97 % des allocataires de l’AAH en décembre 2019).
6 Cet effectif concerne uniquement le régime général (97 % des allocataires d’une aide au logement en décembre 2019).
7 La baisse mensuelle était de 5,6 % en janvier 2020 et de 5,4 % en janvier 2019.
8 Les dernières données disponibles sur les allocataires de la Garantie jeunes sont celles du mois de novembre 2020.
9 En réponse à la crise sanitaire, les Crous proposent, depuis le 1er septembre 2020, une tarification spéciale aux étudiants boursiers sur critères sociaux pour les repas servis dans leurs structures de restauration (1 euro au lieu de 3,30 euros). Depuis le 25 janvier 2021, et pendant la durée de la crise sanitaire, tous les étudiants, boursiers ou non, peuvent bénéficier de deux repas par jour au tarif de 1 euro. Compte tenu des consignes sanitaires, ces repas sont proposés sous forme de vente à emporter uniquement.
10 Plus précisément, ce nombre est passé de 6,5 à 8,6 repas.
11 Circulaire du 22 janvier 2021 relative à l’actualisation des consignes concernant la reprise progressive des enseignements dans les établissements d’enseignement supérieur à partir du 25 janvier. La circulaire indique que tous les établissements accueilleront, au plus tard le 8 février, des étudiants en présentiel dans la limite de 20 % de leur capacité d’accueil globale et dans le respect des consignes sanitaires en vigueur. Pour les étudiants, cette reprise correspond à l’équivalent d’une journée de présence par semaine.
12 Depuis fin janvier 2021, le taux d'ouverture des structures de restauration du réseau est passé de 50 % à plus de 80 % à fin mars.
13 En réponse à la crise sanitaire, le montant total des fonds a été doublé pour l’année 2021.