Deux études complémentaires, qui présentent ces résultats, sont publiées conjointement dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (Santé publique France) et dans un Études et Résultats (DREES). Elles s’appuient sur la statistique nationale des causes de décès produite par le CépiDc de l’Inserm à partir du recueil exhaustif et de l’analyse des volets médicaux des certificats de décès.
Parmi la population qui réside en France, 673 190 personnes sont décédées en 2022 sur le territoire, un effectif plus élevé qu’en 2020 et 2021, deux années pourtant fortement impactées par l’épidémie de Covid-19. Les personnes décédées en 2022 étaient en moyenne plus âgées qu’en 2021. Le taux de mortalité standardisé, qui tient compte du vieillissement de la population, est stable par rapport à 2021 tous âges confondus (886,6 décès pour 100 000 habitants) et plus élevé que celui auquel conduirait la prolongation des tendances à la baisse 2015-2019. Ce taux augmente fortement chez les personnes de 85 ans et plus.
Première cause de décès, les tumeurs, 2ème les maladies cardio-neurovasculaires
En 2022, les tumeurs, c’est-à-dire les cancers, première cause de décès, comptent pour un quart des décès (25,5%). Les décès dus aux tumeurs concernent des personnes en moyenne plus jeunes que ceux toutes causes confondues. La mortalité par tumeur poursuit sa tendance à la baisse mais se stabilise chez les femmes.
Les maladies cardio-neurovasculaires (comme par exemple l’infarctus du myocarde, l‘AVC et l’insuffisance cardiaque), deuxième cause de décès, comptent pour 20,8% des décès. Ces décès concernent des personnes généralement âgées. Il s’agit de la cause la plus fréquente chez les 85 ans et plus. Entre 2021 et 2022, la mortalité due aux maladies cardio-neurovasculaires qui tient compte du vieillissement de la population augmente légèrement chez les femmes, alors qu’elle reste stable chez les hommes. Comme en 2021, cette mortalité est plus élevée tous sexes et tous âges que ce que suggérait la prolongation des tendances d’avant la crise sanitaire.
Selon une première estimation encore provisoire des taux et du nombre de décès par cause, la mortalité selon chacune de ces deux causes baisserait légèrement en 2023.
Moins de décès dus au Covid-19, hausse des décès dus aux maladies respiratoires hors Covid-19 qui deviennent la 3ème cause de décès
En 2022, les décès dus à des maladies de l’appareil respiratoire (hors Covid-19) ont fortement progressé et représentent 6,7% des décès, soit la 3ème cause de décès ; la mortalité se rapproche de son niveau d’avant crise sanitaire. Ces décès concernent des personnes âgées : la moitié d’entre elles ont 86 ans ou plus. La hausse en 2022 pourrait s’expliquer en partie par les deux épidémies de grippe saisonnières 2021-22 et 2022-23 et à la circulation active d’autres virus respiratoires (notamment virus respiratoire syncytial). A l’inverse, le nombre de décès dus au Covid-19, lui, diminue de près d’un tiers par rapport à 2021 et devient la 5ème cause de décès.
Ce recul pourrait s’expliquer en grande partie par l’atteinte d’une immunité collective élevée au niveau national comme international (couverture vaccinale large, moindre virulence des variants). Ce recul se poursuivrait en 2023.
La mortalité due aux accidents augmente, notamment chez les plus âgés
En 2022, le nombre de décès dus à des causes externes est de 44 800, soit 6,7 % des décès. Les causes externes1
sont la deuxième cause de mortalité chez les personnes de moins de 65 ans, après les tumeurs.
Pour la première année depuis 2020, la mortalité due aux causes externes, en particulier les accidents, est aussi significativement plus élevée que ce suggérait la prolongation des tendances d’avant-crise sanitaire.
En 2022, la mortalité due aux accidents augmente dans toutes les classes d’âge, notamment chez les plus de 85 ans. Cette hausse est portée par une augmentation des chutes et des accidents domestiques. Les décès dus à des accidents de transport augmentent aussi en 2022 sans cependant retrouver le niveau d’avant la crise sanitaire.
Des ruptures de tendances pour certaines causes qui se confirment en 2022
La hausse de la mortalité pour la majorité des autres grandes causes se poursuit en 2022, en rupture avec la tendance à la baisse qui était observée avant la crise sanitaire du Covid-19. C’est notamment le cas des maladies endocriniennes et des maladies de l’appareil digestif.
Des décès plus fréquemment à domicile et en Ephad
Enfin, la part des décès en établissement public de santé continue de diminuer, alors que celles en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et à domicile progressent en 2022.
Deux études complémentaires, pour mieux documenter les causes de décès en 2022 et leurs évolutions
L’article du BEH analyse les grandes causes de décès en 2022 et leurs évolutions en comparaison à la période 2015-2019 et à 2020 et 2021. La publication Études et Résultats détaille, quant à elle, la mortalité due aux accidents et aux suicides. Elle examine aussi les évolutions des lieux institutionnels de décès selon la cause. Enfin, elle présente une première estimation des causes de décès en 2023.
Consulter les publications et les données associées
- Fouillet A, Cadillac M, Rivera C, Coudin É. Grandes causes de mortalité en France en 2022 et tendances récentes. Bull Épidémiol Hebd. 2024;2024;(18):388-404.
- Grandes causes de décès en 2022 et tendances récentes page dédiée sur le site du CépiDc
- 1Les causes « externes » comprennent tous les accidents (dont les accidents du transport, les chutes accidentelles, les accidents domestiques, les intoxications accidentelles, les noyades…), ainsi que notamment les suicides, les homicides,...