De combien faut-il augmenter un salarié au smic pour relever son revenu disponible de 100 euros ?

Études et résultats

N° 1313

Paru le 17/10/2024

Léo Quennesson (DREES)
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude qui mesure l’effet d’une augmentation salariale sur le revenu disponible d’un salarié du privé. Menée à partir de cas-types, cette analyse éclaire les mécanismes à l’œuvre dans la redistribution, en simulant les prélèvements sociaux et fiscaux ainsi que les prestations monétaires à partir de cas-types illustratifs. Les résultats sont déclinés notamment selon la configuration familiale, le statut d’occupation du logement et le niveau de salaire perçu. Cette étude révèle que, pour une personne seule au smic à temps plein, locataire, pour augmenter son revenu disponible de 100 euros, le coût du travail doit augmenter de 442 euros pour son employeur ; en effet, les cotisations sociales augmentent, notamment du fait de la baisse du taux des allégements de cotisations sociales, et la hausse du salaire net doit excéder 100 euros du fait que la prime d’activité diminue.


Quand un salarié voit son salaire augmenter, le coût du travail pour l’employeur et le revenu disponible du ménage du salarié augmentent aussi, mais ces trois hausses peuvent être d’ampleur très différente. Ces disparités proviennent de la différence entre le coût du travail et le revenu disponible du salarié. Appelé aussi coin socio-fiscal, il inclut, d’une part, les prélèvements sociaux et l’impôt sur le revenu et, d’autre part, les prestations sociales. Lorsqu’un salarié voit sa rémunération augmenter, soit qu’il travaille davantage (ou qu’il reprenne une activité), soit que son salaire horaire s’élève, la hausse de son revenu disponible reste inférieure, dans une proportion variable, à celle du coût du travail.

Dans son ensemble, le système socio-fiscal assure que le revenu disponible augmente avec le salaire net pour tous les niveaux de rémunération. La hausse du revenu d’activité peut diminuer le montant des prestations sociales versées ou accroître les prélèvements sociaux et fiscaux, mais ces deux effets potentiels ne font qu’atténuer, sans la compenser, l’augmentation du salaire. Notamment, entre 1 et 1,6 smic horaire, la variation des allègements de cotisations sociales accroît le coût d’une augmentation de salaire net pour l’employeur. Ainsi, augmenter de 1 euro le salaire net d’un salarié payé entre 1 et 1,6 smic, donc concerné par les allègements généraux, coûte au total à l’employeur davantage que d’augmenter un salarié payé au-dessus de 1,6 smic – jusqu’à ce seuil de rémunération, le taux de l’allègement diminue en effet avec le salaire.

Au 1er juillet 2024, pour un salarié célibataire sans enfant travaillant à temps plein au smic, le coût du travail doit augmenter de 442 euros pour relever le revenu disponible de 100 euros. Cette somme résulte notamment de la hausse de la part employeur des prélèvements sociaux (+212 euros), due en partie à la baisse du taux des allégements généraux, à la majoration des cotisations salariales (+48 euros), à l’entrée dans l’impôt sur le revenu (+12 euros) et à la diminution de la prime d’activité (-71 euros).

Enfin, quel que soit le niveau de rémunération, une hausse de salaire induit bien celle du revenu disponible, mais son ampleur dépend également de la situation familiale et de logement du salarié. Ainsi, afin d’augmenter de 100 euros du revenu disponible d’une famille monoparentale avec deux enfants, locataire, dans laquelle le parent seul gagne un smic, une augmentation du salaire net de 22 % est nécessaire. Par comparaison, un adulte vivant seul, locataire, payé au smic à temps plein, doit obtenir une augmentation salariale de 13 %, pour voir son revenu disponible s’élever de 100 euros.

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