Des stéréotypes de genre encore très ancrés, notamment chez les hommes

Études et résultats

N° 1294

Paru le 08/02/2024

Clémentine De Champs, Claudine Pirus (DREES)
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude concernant l’opinion des personnes résidant en France métropolitaine sur les stéréotypes de genre. Cette étude révèle que la majorité des Français rejette les stéréotypes de genre pris dans leur ensemble. Les représentations stéréotypées liées au soin apporté aux autres sont celles qui rencontrent le plus d’adhésion. De manière générale, l’adhésion aux stéréotypes de genre est plus marquée parmi les hommes, les plus âgés, les immigrés et les personnes ayant une pratique religieuse. À l’inverse, les femmes et les personnes diplômées du supérieur sont surreprésentées parmi les personnes qui les rejettent. L’étude confirme aussi l’inégale répartition des tâches domestiques au sein des couples, d’autant plus marquée qu’il y a adhésion aux stéréotypes de genre.


Le Baromètre d’opinion de la DREES est une enquête annuelle sur la perception des inégalités et l’opinion des individus sur les politiques sociales et de santé. Depuis sa mise en place en 2000, l’enquête se déroule en face à face auprès d’un échantillon de 4 000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans ou plus. Le Baromètre d’opinion comporte cinq questions sur les stéréotypes de genre à partir desquels a été créé un indicateur permettant de différencier le degré d’adhésion des personnes interrogées.

Une majorité de Français rejette les stéréotypes de genre

D’après le Baromètre d’opinion de la DREES, réalisé en France métropolitaine en 2020 et 2022, plus d’une personne sur deux rejette les stéréotypes de genre, une personne sur quatre y adhère et une sur quatre se situe dans une position ambivalente. Quel que soit le degré d’adhésion aux représentations stéréotypées, l’idée que les filles ont autant l’esprit scientifique que les garçons fait très largement consensus dans l’ensemble de la population. En parallèle, certains stéréotypes de genre sont très ancrés : une majorité de personnes adhèrent à l’idée que les mères savent mieux s’occuper des enfants que les pères.

Des stéréotypes de genre encore très ancrés, notamment chez les hommes 

Être un homme, avoir plus de 65 ans, avoir une pratique religieuse régulière, être immigré, être peu ou pas diplômé augmente la probabilité d’adhérer aux stéréotypes de genre testés dans le Baromètre. Le niveau de revenu joue en sens contraire de celui du diplôme : alors que les diplômés du supérieur sont surreprésentés parmi les personnes qui rejettent ces représentations, les plus élevés sur l’échelle de niveau de vie sont plus susceptibles d’adhérer à certains stéréotypes (à diplômes, professions et autres caractéristiques sociodémographiques donnés), en particulier ceux concernant de supposées différences d’aptitudes professionnelles entre hommes et femmes.

Une répartition des tâches domestiques en défaveur des femmes

Le Baromètre met également en lumière la persistance d’une inégalité forte dans les couples : 54 % des femmes déclarent qu’elles prennent majoritairement elles-mêmes en charge les tâches ménagères (les courses, le ménage et le linge) contre 7 % des hommes. Cet écart entre hommes et femmes est presque aussi élevé concernant les activités consacrées aux enfants (repas, loisirs, éducation) : 46 % des femmes déclarent les faire majoritairement elles-mêmes plutôt que leur partenaire, contre 6 % des hommes. Stéréotypes et pratiques domestiques apparaissent corrélés : plus les personnes adhèrent aux stéréotypes de genre, moins elles déclarent un partage égalitaire dans leur couple.