Les trois quarts des bénéficiaires du RSA sont pauvres monétairement

Études et résultats

N° 1273

Paru le 07/07/2023

Elika Athari, Martin Chevalier, Lucile Richet-Mastain (DREES)
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude consacrée au niveau de vie des bénéficiaires de revenus minima garantis (minima sociaux et prime d’activité). Celle-ci mobilise l’enquête auprès des bénéficiaires de minima sociaux (BMS) 2018, appariée à des données fournies par l’administration fiscale et certaines caisses de sécurité sociale. Elle analyse la composition du revenu disponible des ménages bénéficiaires de revenus minima garantis, notamment la part que représentent les prestations sociales. Cette étude se penche également sur le taux de pauvreté monétaire et sur l’impact des transferts sociaux sur la pauvreté.


Un niveau de vie médian de 860 euros par mois pour les personnes vivant dans un ménage bénéficiaire du RSA

En 2018, la moitié des personnes vivant dans un ménage bénéficiaire d’un minimum social1 fin 2017 en France (hors Mayotte) ont un niveau de vie inférieur à 940 euros par mois (contre 1 770 euros pour l’ensemble de la population en France métropolitaine) [graphique]. En l’absence de transferts sociaux (impôts directs et prestations sociales non contributives2 ), leur niveau de vie médian3 serait de 330 euros par mois, soit 610 euros de moins. Les personnes vivant dans un ménage qui touche le revenu de solidarité active (RSA) ont le niveau de vie médian le plus faible parmi celles qui vivent dans un ménage percevant des minima sociaux, soit 860 euros par mois. Inversement, celles qui vivent dans un ménage bénéficiaire de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) ont le niveau de vie médian le plus élevé (1 240 euros par mois). Le niveau de vie médian des personnes dans un ménage percevant la prime d’activité est lui de 1 200 euros par mois.

Les minima sociaux représentent plus du tiers du revenu disponible des ménages qui en bénéficient

Les minima sociaux représentent 35 % du revenu disponible des ménages bénéficiaires de minima sociaux, soit 550 euros par mois en moyenne. Les allocations logement et les prestations familiales constituent également une part importante du revenu disponible des ménages bénéficiaires de minima sociaux (respectivement 12 % et 8 %).
Les ménages bénéficiaires de l’AAH et du RSA bénéficient des transferts sociaux les plus importants (respectivement 880 et 860 euros en moyenne par mois). Pour l’AAH, ce haut montant est essentiellement dû aux minima sociaux (760 euros en moyenne par mois, contre 550 euros pour l’ensemble des ménages bénéficiaires de minima sociaux). Concernant le RSA, ce niveau est atteint par le cumul des minima sociaux (490 euros en moyenne par mois), des allocations logements (210 euros) et des prestations familiales (190 euros).

Les trois quarts des membres des ménages bénéficiaires du RSA sont pauvres monétairement

Parmi les bénéficiaires de minima sociaux, les membres des ménages bénéficiaires du RSA fin 2017 ont le taux de pauvreté le plus élevé en 2018 (75 %). Les membres des ménages bénéficiaires de l’AAH en France (hors Mayotte) ont le taux de pauvreté le plus faible (31 %), mais ce taux reste deux fois supérieur à celui de l’ensemble de la population (15 %).
Dans l’ensemble, le taux de pauvreté des membres des ménages percevant des minima sociaux reste assez stable entre 20124 et 2018 (+1 point de pourcentage). L’intensité de la pauvreté5 diminue un peu (-2 points), portée par la baisse de l’intensité de la pauvreté pour les bénéficiaires du RSA (-3 points).
Le taux de pauvreté des membres des ménages bénéficiaires de la prime d’activité est de 37 % en 2018, avant la revalorisation exceptionnelle au 1er janvier 2019 du montant maximal de sa bonification individuelle.

La redistribution diminue fortement le taux de pauvreté des personnes vivant dans un ménage bénéficiaire de minima sociaux

En 2018, du fait de la redistribution, le taux de pauvreté des personnes vivant dans un ménage bénéficiaire de minima sociaux fin 2017 en France (hors Mayotte) est sensiblement plus faible que ce qu’il aurait été en l’absence de redistribution : 62 % contre 87 % (soit 25 points de pourcentage de moins). La réduction du taux de pauvreté est la plus faible pour les personnes vivant dans un ménage bénéficiaire du RSA (-16 points de pourcentage) et la plus élevée pour les personnes vivant dans un ménage bénéficiaire de l’AAH (-47 points).

Pour en savoir plus :

 

  • 1Les minima sociaux retenus dans cette étude sont le revenu de solidarité active (RSA), l’allocation de solidarité spécifique (ASS), l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et le minimum vieillesse. Ils représentent 95 % des effectifs d’allocataires fin 2017.
  • 2C’est-à-dire les minima sociaux, les aides au logement, les prestations familiales et la prime d’activité.
  • 3Le niveau de vie médian est le niveau de vie au-dessus duquel se situe la moitié des personnes.
  • 4Date de l’édition précédente de l’enquête BMS.
  • 5Plus cet indicateur est élevé, plus la pauvreté est dite « intense », au sens où le niveau de vie des plus pauvres est très inférieur au seuil de pauvreté.