Chacun peut, à un moment ou à un autre de sa vie, être « proche aidant », c’est-à-dire apporter régulièrement une aide à un proche en raison de son état de santé, de son âge ou d’une situation de handicap. Une telle situation peut parfois être difficile pour l’aidant, affectant son organisation de vie et parfois sa santé. Les pouvoirs publics ont mis en place différentes mesures pour aider les proches aidants et ils continuent à réfléchir à de nouvelles actions dans le cadre d’une stratégie nationale démarrant en 2023, qui prend la suite de la stratégie nationale « Agir pour les aidants 2020-2022 ».
Une typologie permettant de nourrir la réflexion sur les besoins d’aide des proches aidants
Les situations des proches aidants sont très diverses et les besoins d’aide publique des aidants le sont en conséquence. L’étude de la DREES propose une typologie des proches aidants de personnes vivant à leur domicile à partir des résultats de l’enquête Handicap-Santé réalisée par la DREES et l’Insee en 2008. L’objectif est de mettre au jour les grandes situations types, de rendre compte des différences de vécu de ces situations et de donner des ordres de grandeur des effectifs des populations concernées. Ces ordres de grandeur ont bien sûr vraisemblablement évolué et il sera possible d’apprécier prochainement les évolutions, dès que les résultats de l’enquête Autonomie réalisée par la DREES en 2022 seront disponibles. Les grandes situations types sont cependant vraisemblablement structurelles et peuvent d’ores et déjà être utiles pour cadrer les réflexions sur les besoins d’aide des proches aidants.
Trois grandes catégories de proches aidants selon la charge d’aide ressentie
La typologie est construite à partir d’un ensemble de caractéristiques objectives sur le profil des aidants et des aidés, les liens qui les unissent, le besoin d’aide des aidés et le degré d’implication des aidants. Dix groupes se répartissant en trois catégories émergent. Bien que la typologie soit établie uniquement sur des critères factuels, il s’avère que les dix groupes diffèrent fortement du point de vue de la charge ressentie par les aidants (impression que l’aide apportée les amène à faire des sacrifices, qu’elle affecte leur santé, les relations avec leur famille…).
Quatre groupes se distinguent ainsi par une charge ressentie significativement plus forte que la moyenne. Ce sont des conjoints, des parents et des enfants qui assument une charge d’aide importante pour des raisons différentes, détaillées dans le dossier. En 2008, sur les 7,6 millions de proches aidants analysés, ils représentent 1,8 million d’entre eux (24 %).
La catégorie des proches aidants moyennement impactés regroupe des conjoints et des parents de personnes aidées ayant peu de limitations dans leur vie quotidienne, mais qu’ils sont seuls à aider. Sur les 7,6 millions de proches aidants, ils représentent 2,2 millions d’entre eux (29 %).
Les cinq derniers groupes ont une charge ressentie significativement plus faible que la moyenne. Ce sont plus souvent des enfants, frères et sœurs, d’autres membres de la famille et d’autres personnes de l’entourage, rarement des conjoints, apportant une aide relativement moins importante. Ils représentent 3,6 millions d’aidants (47 %).
Une charge ressentie liée au nombre d’aides à la vie quotidienne et au volume d’heures d’aide par semaine
L’étude analyse également, grâce à une modélisation, le nombre de charges ressenties sur onze possibles, telles que le sentiment de ne pas avoir assez de temps pour soi, d’être amené à faire des sacrifices dans sa vie ou encore d’avoir l’impression que la situation affecte sa santé (graphique). 45 % des proches aidants ne déclarent pas de charge négative, 23 % déclarent une charge négative, tandis que 32 % déclarent deux charges négatives ou plus.
L’analyse de la charge ressentie par les aidants permet de comprendre ce qui joue le plus sur leur vécu. Toutes choses égales par ailleurs, la charge ressentie augmente logiquement en premier lieu avec le nombre d’aides à la vie quotidienne et le volume d’heures d’aide par semaine. Mais elle dépend aussi significativement du lien entre l’aidant et l’aidé : elle est la plus élevée lorsque l’aidant est l’un des parents de la personne aidée, puis lorsqu’il est son conjoint. Elle est également plus forte quand l’aidant est une femme, quand il apporte une aide financière, quand il doit prendre seul les décisions ou est la personne de confiance. Elle est plus importante s’il existe un aidant professionnel compte tenu de la charge que cela représente de devoir organiser son intervention. Elle augmente également lorsque le proche aidant est en emploi ou est étudiant, en raison probablement des difficultés de conciliation que cela peut engendrer. Elle diminue enfin lorsque l’aidant a la possibilité de se faire remplacer.