La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie un dossier intitulé « Parcours hospitaliers des patients atteints du Covid-19 lors des troisième et quatrième vagues épidémiques ». L’analyse repose sur l’appariement des bases de données contenant des informations exhaustives sur le dépistage (SI-DEP), la vaccination (VAC SI) et les hospitalisations (SI-VIC), entre le 1er février et le 30 septembre 2021. Elle est conduite sous le prisme de deux facteurs ayant impacté le cours de l’épidémie en France en 2021 : d’une part, le lancement de la campagne de vaccination destinée dans un premier temps aux personnes les plus âgées puis à toute la population à partir du 1er juin 2021 et, d’autre part, l’apparition et la succession de variants.
De cette analyse, il ressort les enseignements suivants :
- La quatrième vague a une ampleur quatre fois plus faible que la troisième en termes de nombre d’hospitalisations. Elle a aussi un taux de décès intra-hospitalier légèrement plus faible (13 % contre 16 % lors de la troisième vague). Elle touche particulièrement les DROM (départements et régions d’outre-mer) et les classes d’âges les plus jeunes : 20 % des personnes hospitalisées ont moins de 40 ans durant celle-ci, contre 10 % lors de la troisième vague. Les hommes restent surreprésentés parmi les patients atteints du Covid-19 durant les troisième et quatrième vagues, en particulier en soins critiques, en cohérence avec ce qui était observé lors des première et deuxième vagues.
- La troisième vague est un enchaînement de deux souches de variants (Alpha et Bêta/Gamma) qui se sont ajoutés à la souche originale du virus présente depuis le début de l’épidémie. La quatrième vague concerne essentiellement le variant Delta (graphique).
- Ces variants ont touché différemment le territoire. Les patients hospitalisés infectés par le variant Alpha sont répartis uniformément sur la France métropolitaine, ceux infectés par le variant Bêta/Gamma sont surreprésentés dans le Grand Est, en Guyane et à La Réunion, tandis que les patients infectés par le variant Delta sont surreprésentés dans les DROM et les régions du pourtour méditerranéen.
- La proportion de personnes vaccinées parmi les patients hospitalisés avec Covid-19 a augmenté au fil du temps, mais les personnes vaccinées sont sous-représentées parmi les patients hospitalisés au regard de leur part dans la population générale : durant le mois de septembre 2021 (fin de la quatrième vague), elles représentent 37 % des entrées hospitalières, contre 67 % de la population générale. Au cours des troisième et quatrième vagues, les personnes de 80 ans ou plus ayant une primo-vaccination complète ont un risque de décéder au cours d’un séjour en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) divisé par sept par rapport aux personnes non vaccinées.
- La vaccination a fortement réduit l’ampleur de la quatrième vague. Sur l’ensemble des deux vagues, on estime que la vaccination réduit d’environ 80 % le risque d’entrée en MCO pour les personnes de 80 ans ou plus. À statut vaccinal donné, le risque d’hospitalisation est similaire entre la troisième et la quatrième vague mais les entrées hospitalières observées lors de la quatrième vague sont environ quatre fois moins nombreuses que celles de la troisième. Une interprétation possible de ce résultat est que, si la vaccination n’avait pas eu lieu, les hospitalisations lors de la quatrième vague auraient été bien plus nombreuses.
- La durée médiane des séjours à l’hôpital est réduite de 9 à 7 jours entre la troisième et la quatrième vague. Le rajeunissement de la population hospitalisée explique principalement cette réduction, mais la vaccination de la population y a également contribué significativement, puisque les personnes jeunes et vaccinées ont en moyenne des séjours plus courts que les autres, toutes choses égales par ailleurs.
Graphique : nombre d’entrées en hospitalisation conventionnelle sur 7 jours glissants par variant