On estime à environ 708 millions les heures passées par des professionnels directement auprès de personnes âgées en 2011, dans le cadre de l’accompagnement de leur dépendance : ils interviendraient en moyenne 50 heures par mois, soit 11 heures par semaine, rapportées aux 1,2 million de bénéficiaires de l’allocation per-sonnalisée d’autonomie (APA). La moitié de ces heures est réalisée en EHPAD. À domicile, deux tiers des heures sont couvertes par l’APA, un tiers par l’Assurance maladie via l’intervention d’infirmiers libéraux ou de services de soins infirmiers à domicile (SSIAD). Le financement public afférent à l’accompagnement médico-social des personnes âgées dépendantes, à domicile et en établissement, pris en charge pour deux tiers par l’Assurance maladie et pour un tiers par les conseils départementaux, s’élèverait à 12,5 milliards d’euros en 2011 sur le champ retenu.
Les acteurs professionnels sont présents de manière différenciée sur le territoire. Un pays hétérogène comme la France implique des besoins spatialement variés, l’objet des politiques publiques étant de proposer une offre adaptée. L’étude met en évidence l’existence de systèmes spatialement différenciés d’accompagnement, héri-tage historique. La plupart des départements présentent une réponse quantitativement comparable au regard des besoins tels qu’ils sont ici mesurés, la répartition de l’activité des professionnels serait donc globalement équili-brée dans les territoires. Il n’en existe pas moins d’importantes inégalités. Celles-ci sont d’abord quantitatives : 37 à 95 % des besoins départementaux recensés sont couverts. Elles sont également qualitatives : par exemple, les soins d’hygiène, lorsqu’ils sont effectués par des aides à domicile et non par des infirmiers, impliquent une technicité variable de l’intervention, une lourdeur administrative, des restes à charge supérieurs et un temps d’accompagnement moindre. La disponibilité ou non des professionnels de santé à proximité crée donc des disparités entre personnes aux besoins similaires. En conséquence de ces substitutions, la part du financement assuré par la sécurité sociale et celle assurée par les conseils départementaux varient localement : c’est aussi un enjeu économique et politique. L’étude montre que, davantage que la décentralisation, c’est la régulation ou non de la localisation de l’offre par les pouvoirs publics qui est déterminante dans l’équité d’accès à celle-ci.
Cette étude fait suite à un travail de doctorat de géographie, soutenu en 2015, intégralement financé par la DREES.