Au-delà du niveau de revenu, l’identification aux classes moyennes joue sur les attentes en matière de politiques sociales

Études et résultats

N° 1316

Paru le 07/11/2024

Claudine Pirus (DREES)
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude portant sur la description des classes moyennes appréhendée non pas selon leur niveau de revenus ou leur catégorie socio-professionnelle mais selon une approche par auto-positionnement, fondée sur l’appartenance de classe ressentie déclarée par les individus.


Les données présentées dans cette étude sont issues du Baromètre d’opinion de la DREES. Il s’agit d’une enquête annuelle sur la perception des inégalités et l’opinion des individus sur les politiques sociales et de santé. Depuis sa mise en place en 2000, l’enquête se déroule en face à face auprès d’un échantillon de 4000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans ou plus. 

Plus d’un enquêté sur deux déclare appartenir à la classe moyenne 

D’après le Baromètre d’opinion de la DREES, en 2023, plus d’un Français sur deux s’identifie aux classes moyennes (34 % à la classe moyenne inférieure et 21 % à la classe moyenne supérieure) et très peu (7 %) aux catégories aisées. Enfin, 30 % s’identifient aux catégories modestes et 8 % aux très modestes. Parmi les 20 % les plus aisés en termes de niveau de vie, les deux tiers des enquêtés considèrent appartenir à la classe moyenne. 

Le sentiment d’appartenance à la classe moyenne est fortement lié au niveau de revenu et à la profession mais également au statut de logement ou à la configuration familiale

La classe moyenne, lorsqu’elle s’auto-désigne, serait composée à 60 % de personnes à revenus intermédiaires, c’est-à-dire dont le niveau de vie est situé entre le troisième et le huitième décile. De plus, elle serait constituée à 31 % de professions intermédiaires, 27 % d’employés, 20 % de professions libérales ou cadres et 13 % d’ouvriers. La classe moyenne supérieure se distingue nettement par une part plus élevée de professions libérales ou de cadres (37 % contre 9 % parmi la classe moyenne inférieure) et, inversement, une part moins élevée d’employés (18 % contre 33 %) et d’ouvriers (5 % contre 18 %).
Par rapport à l’ensemble de la population, la classe moyenne auto-désignée, notamment la classe moyenne supérieure, regroupe une part plus importante de propriétaires, qu’ils soient accédants ou non, de diplômés du supérieur ainsi qu’une part moins élevée de personnes percevant des revenus sociaux (RSA, allocation logement, AAH…). En termes de configurations familiales, la classe moyenne supérieure est proche des catégories aisées et se démarque de l’ensemble de la population avec une part plus élevée de personnes en couple avec ou sans enfants. Enfin, au sein des classes moyennes, les enquêtés s’identifient moins souvent à la classe moyenne supérieure lorsqu’ils résident dans l’agglomération parisienne.

Une classe moyenne supérieure davantage positive sur sa situation actuelle et son avenir

Le sentiment d’appartenance de classe est un fort déterminant des opinions sur les politiques sociales, au-delà du niveau du revenu, de la catégorie socio-professionnelle et du diplôme. Toutefois, vis-à-vis des attentes en matière de politiques sociales, les classes moyennes auto-désignées ne constituent pas un bloc homogène : les écarts sont importants entre leur composante supérieure, souvent proche des opinions des classes aisées, et leur composante inférieure, rejoignant celle des classes modestes. La classe moyenne inférieure s’exprime davantage en faveur d’une intervention plus importante des pouvoirs publics en matière économique et sociale (22 % d’attentes fortes contre 14 % pour la classe moyenne supérieure). 
Par ailleurs, par rapport à la classe moyenne inférieure, les individus s’autopositionnant dans la classe moyenne supérieure considèrent plus souvent que leur situation est meilleure que celle de leurs parents au même âge (57 % contre 40 %) et ils sont plus nombreux à être optimistes quant à leur propre avenir (59 % contre 48 %), celui de leurs enfants ou des générations futures (42 % contre 33 % - cf. Graphique 4a).

Sources, outils & enquêtes