Le handicap, différentes approches pour une notion complexe – Premiers résultats de l’enquête Autonomie 2022

Études et résultats

N° 1317

Paru le 14/11/2024

Jean-Sébastien Eideliman (CERLIS, Université Paris Cité), Marie Rey (DREES)
La Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude à partir du nouveau dispositif des enquêtes Autonomie. Elle apporte un éclairage sur le nombre de personnes en situation de handicap à domicile et détaille leurs limitations fonctionnelles et restrictions d’activité


L’enquête Autonomie en Ménages est la deuxième enquête du dispositif Autonomie 2021-2025, grand dispositif décennal d’enquêtes sur le handicap et la perte d’autonomie mis en place par la DREES. Elle permet un dénombrement, en France métropolitaine, des personnes qui déclarent des altérations de fonctions organiques qui peuvent être à l’origine de handicap, et un dénombrement des personnes qui déclarent une restriction d’activité dans la vie de tous les jours ou bien des limitations fonctionnelles

Près de la moitié des personnes de 15 ans ou plus déclarent avoir au moins une altération de fonction organique importante en 2022

Le handicap peut trouver son origine dans les altérations de fonctions organiques ou dans des problèmes de santé invalidants. En France métropolitaine, 47 % des personnes de 15 ans ou plus vivant en logement ordinaire déclarent en 2022 avoir au moins une altération de fonctions organiques importante, c’est-à-dire qui touche la motricité (par exemple paralysie, amputation, faiblesses musculaires…), la perception visuelle ou auditive, l’aptitude à parler, les fonctions métaboliques (insuffisance rénale, respiratoire, cardiaque…), ou encore qui affecte le fonctionnement du cerveau ou du psychisme. Les altérations les plus fréquentes concernent la fonction motrice (20 %), la gestion de l’humeur, des émotions ou des sentiments (17 %) et les fonctions métaboliques (16 %).

Le handicap : trois indicateurs mobilisés

Trois approches peuvent être utilisées pour définir le handicap : être sévèrement limité, que ce soit d’un point de vue sensoriel, physique ou cognitif, être fortement restreint dans les actes essentiels du quotidien (se coucher et se lever, s’habiller, faire ses courses, manger et boire, se laver, etc.) ou avoir des restrictions importantes dans les activités que les autres font habituellement depuis au moins 6 mois. Selon que l’on retienne l’approche la plus restrictive ou au moins une des trois, entre 4,6 et 16,0 millions de personnes âgées de 15 ans ou plus sont handicapées. Quelle que soit l'approche du handicap, le nombre de personnes considérées comme handicapées avec l'enquête Autonomie est plus élevé que le constat fait à partir de l'enquête Vie quotidienne et santé réalisée en 2021. Deux raisons peuvent expliquer cette différence : les indicateurs disponibles dans l’enquête Autonomie sont plus nombreux, ce qui permet de détecter davantage de situations de handicap ; par ailleurs, l’enquête est réalisée en face-à-face, ce qui peut modifier la manière dont les personnes répondent aux questions.

Environ 5 % des personnes âgées de 15 ans ou plus déclarent à la fois au moins une limitation fonctionnelle importante, une restriction depuis au moins six mois dans les activités que les gens font habituellement et des restrictions importantes dans les actes essentiels de la vie quotidienne

Schéma : Proportion de personnes déclarant une forte restriction d’activité dans les activités de la vie quotidienne ou ayant des limitations fonctionnelles importantes.

Les fréquences des limitations liées à la mémoire et de celles liées au relationnel évoluent peu avec l’âge

L’indicateur de handicap le plus large est l’indicateur basé sur une liste de 23 limitations fonctionnelles. En France métropolitaine, 28 % des personnes de 15 ans ou plus vivant en logement ordinaire ont au moins une limitation fonctionnelle importante, qu’elle soit sensorielle (comme avoir des problèmes de vue ou d’audition malgré une correction, motrice (comme des difficultés pour monter un escalier), cognitive (comme des trous de mémoire fréquents) ou relationnelle (comme des difficultés à se faire comprendre des autres). Les limitations importantes d’ordre moteur sont les plus fréquentes : elles concernent 12 % des personnes. 10 % des personnes ont des limitations importantes liées à la mémoire, la concentration ou l’organisation et 9 % des limitations importantes liées au relationnel. Enfin, les limitations sensorielles importantes concernent 7 % de la population et les autres limitations physiques, comme les difficultés à contrôler les selles et les urines ou à mordre un aliment ferme, concernent 6 % de la population.

Les limitations fonctionnelles sensorielles, motrices et les autres limitations physiques augmentent toutes avec l’âge. Ainsi, entre 15 et 30 ans, 2 % des personnes ont au moins une limitation motrice importante, contre 29 % à 65 ans ou plus. Les limitations sensorielles augmentent aussi, mais moins fortement. Les limitations liées à la mémoire, la concentration ou l’organisation et celles liées au relationnel sont en revanche quasiment stables quel que soit l’âge.

Parmi les personnes qui font état d’altérations importantes, un peu moins de la moitié déclarent au moins une limitation fonctionnelle importante

Le handicap trouve son origine dans des altérations de fonctions ou dans des problèmes de santé invalidants. Mais les altérations de fonctions importantes n’entraînent pas forcément une situation de handicap, c’est-à-dire des difficultés qui, compte tenu de l’environnement de la personne, restreignent sa vie quotidienne. Ainsi, parmi les personnes qui font état d’altérations importantes, 45 % déclarent au moins une limitation fonctionnelle importante. 20 % des personnes qui ont au moins une altération importante de fonction font face à des restrictions importantes dans les actes essentiels du quotidien et 18 % déclarent des restrictions importantes dans les activités que les autres font habituellement.

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