Tous les indicateurs augmentent et retrouvent un niveau comparable, voire supérieur, à celui d’avant le Covid-19
En 2022, 234 300 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été enregistrées en France, soit 17 000 de plus qu’en 2021 et environ 7000 de plus qu’en 2019 (graphique ci-dessous). À partir des informations issues du système national des données de santé (SNDS), il est possible de retracer, de façon anonyme, le parcours de soins des femmes ayant réalisé une IVG. L’analyse de ces parcours montre, dans certains cas, l’enregistrement de plusieurs actes d’IVG dans un délai court. Ces actes correspondent en fait à la prise en charge de complications ou de reprise d’IVG mais concernent la même grossesse. À partir de 2022, le décompte des IVG prend en compte uniquement le 1er acte pour une grossesse (« IVG sans reprise »). Cette nouvelle méthode de repérage des IVG a pu être également être appliquée pour les années 2020 et 2021. En revanche, pour l’année 2019, seule une estimation basée sur ce qui a été observé en 2020, 2021 et 2022 a pu être réalisée. Pour permettre la comparaison avec les années antérieures à 2019, le graphique ci-dessous présente également l’évolution des IVG selon l’ancienne méthodologie.
L’allongement de deux semaines du délai légal de recours ne suffit pas à expliquer cette augmentation car les IVG les plus tardives représentent moins d’un cinquième du surplus observé par rapport à l’année 2021. Le taux de recours à l’IVG dépasse le niveau de 2019 avec 16,2 IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans en 2021 contre 15,0 ‰ en 2020 et 15,7 ‰ en 2019.
Les taux de recours augmentent parmi les femmes majeures
C’est dans le groupe d’âge des 20 à 29 ans que les IVG restent les plus fréquentes : le taux de recours s’élève à 26,9 ‰ en 2022 parmi les jeunes femmes âgées de 20-24 ans (+ 2,6 points par rapport à 2021) et atteint 28,6 ‰ pour celles âgées de 25-29 ans (+2,2 points). Entre 2021 et 2022, les taux de recours augmentent pour toutes les femmes majeures avec une hausse plus marquée chez les 20-29 ans.
Les disparités territoriales demeurent, avec une hausse du taux de recours en France métropolitaine et dans les DROM, hors Guadeloupe
En 2022, les taux de recours à l’IVG augmentent dans toutes les régions métropolitaines ainsi que dans les DROM, à l’exception de la Guadeloupe. Les disparités territoriales sont marquées puisque les taux de recours varient du simple au double selon les régions. En France métropolitaine, ils varient de 11,6 ‰ en Pays de la Loire à 22,6 ‰ en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans les DROM, les taux sont compris entre 21,0 ‰ à Mayotte et 48,7 ‰ en Guyane.
Plus d’une IVG sur trois est réalisée en dehors des établissements de santé
Jusqu’en 2005, toutes les IVG étaient réalisées dans des établissements de santé, qui regroupent les établissements d’hospitalisation quel que soit leur statut (public, privé à but lucratif, privé d’intérêt collectif). À partir de 2005, les IVG médicamenteuses ont été autorisées en ville, puis en centre de santé et centre de santé sexuelle. Depuis 2020, la part des IVG réalisées hors des établissements de santé progresse, atteignant 38 % en 2022. La méthode médicamenteuse est la plus utilisée, y compris en établissement de santé. Elle représente 78% de l’ensemble des IVG, et 62 % de celles réalisées en établissement de santé.
En établissement de santé, la moitié des IVG sont toujours réalisées avant huit semaines d’aménorrhée,
Les conditions d’accès à l’IVG ont été élargies par la loi du 2 mars 2022 avec un allongement de deux semaines de la durée légale pour les IVG réalisées en établissement de santé. Parmi ces dernières, 55% le sont à moins de huit semaines d’aménorrhée (SA) et 76 % à moins de dix SA. La part d’IVG tardives concernées par l’allongement du délai légal de recours à l’IVG est inférieure à 1,5 % de l’ensemble des IVG réalisées en France.