Cette étude s’appuie sur les données issues de la dernière vague d’enquête du quatrième Panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale, menée par internet et par téléphone entre le 5 janvier et le 22 avril 2022. Plus de 1 550 médecins ont été interrogés pour cette sixième vague d’enquête.
Près de 80 % des médecins généralistes libéraux jugent aujourd’hui insuffisante l’offre de médecine générale dans leur zone d’exercice
La baisse de la démographie médicale est fortement ressentie par les médecins généralistes libéraux. Début 2022, 78 % d’entre eux jugent qu’ils ne sont pas assez nombreux sur leur territoire, alors qu’ils étaient 67 % en 2019. Cette évolution est principalement liée à l’augmentation marquée de la part des médecins jugeant l’offre très insuffisante : elle est passée de 22 % en 2019 à 34 % en 2022. La perception des médecins vis-à-vis de l’offre locale est cohérente avec la situation objective décrite par l’indicateur d’« accessibilité potentielle localisée » (APL) aux médecins généralistes. La moitié des médecins exerçant dans les zones où l’APL est la plus faible trouvent très insuffisante l’offre de soins, contre 20 % des médecins exerçant dans les territoires les plus dotés.
En 2022, 65 % des médecins déclarent être amenés à refuser de nouveaux patients comme médecin traitant ; ils étaient 53 % en 2019
Pour s’adapter à la tension entre l’offre et la demande de soins, les médecins généralistes adaptent leurs pratiques. Parmi les différentes pratiques adoptées, il en est une qui progresse fortement entre 2019 et 2022 : le refus de prendre en charge de nouveaux patients en tant que médecin traitant. Alors qu’ils étaient 53 % à être amenés à le faire en 2019, ils sont désormais 65 % en 2022 (graphique).
La part de médecins amenés à suivre moins régulièrement certains de leurs patients est, quant à elle, passée de 40 % en 2019 à 44 % en 2022. Ce sont plutôt les médecins de moins de 50 ans, ceux qui ont un volume d’activité élevé, qui exercent en groupe ou encore ceux qui doivent faire face aux plus grandes difficultés de démographie médicale qui adaptent davantage leurs pratiques.