Une demande de protection sociale accrue durant la crise sanitaire
Fin 2020, au cœur de la pandémie de Covid-19, les personnes interrogées dans le cadre du Baromètre d’opinion de la DREES sont davantage préoccupées par la santé des Français que les années précédentes et plus de la moitié estime que celle-ci s’est détériorée au cours des dernières années. Même si les trois quarts des enquêtés se considèrent en bonne santé, la moitié d’entre eux se disent inquiets à l’idée de ne pas pouvoir être bien soignés en cas de grave problème de santé.
Dans ce contexte, les répondants à l’enquête soutiennent davantage l’intervention de l’État en matière économique et sociale en 2020 que par le passé et confirment leur attachement au modèle de protection sociale et au système de santé. Ils sont de plus en plus nombreux à souscrire à l’opinion qu’« il n’y a pas de raison de limiter les dépenses de santé car la santé n’a pas de prix » (72 % fin 2020), qu’il est normal que l’on dépense plus pour la santé (77 %) et qu’il est plus important de maintenir au niveau actuel les prestations et remboursements d’assurance maladie que de réduire le déficit de la Sécurité sociale : 64 % partagent cet avis en 2020 contre 61 % en 2019 et 53 % en 2015. Cette hausse est davantage marquée entre 2019 et 2020 pour les personnes âgées de 30 à 49 ans, les employés et les indépendants (graphique).
De plus, quand les questions mentionnent explicitement et spécifiquement le contexte de crise sanitaire, l’adhésion au système français de protection sociale est encore plus élevée.
Une demande de protection sociale plus marquée parmi les personnes vulnérables
Une personne sur deux ayant connu une dégradation de sa situation financière considère que, dans le contexte de crise, l’État n’intervient pas assez dans le domaine économique et social, contre une sur quatre pour celles dont la situation s’est améliorée. De la même façon, 28 % des personnes ayant perçu des prestations de solidarité (minima sociaux, allocations logement) dans les douze mois précédant l’enquête jugent que le financement de la protection sociale durant la crise est insuffisant, contre 16 % parmi celles qui n’ont bénéficié d’aucune prestation et 12 % parmi celles ayant perçu des revenus du patrimoine (actifs financiers ou location de biens immobiliers).
Les jeunes et les familles monoparentales soutiennent davantage un renforcement de l’État providence et un niveau de protection sociale important que les autres catégories de population.
Un soutien plus marqué aux structures de soins et aux professionnels de santé, mais un coût jugé trop élevé
Fin 2020, la satisfaction à l’égard de la qualité des soins médicaux offerts augmente, que ce soit pour les structures hospitalières ou pour la médecine de ville. Cette hausse contraste avec une tendance à la baisse ces dernières années, notamment pour les services d’urgences (de 46 % en 2019 à 54 % en 2020, soit un niveau proche de celui de 2014). Neuf personnes sur dix se disent satisfaites des soins procurés par les infirmiers et plus du tiers pense qu’il n’y en a pas assez, soit dix points de plus qu’en 2019. Malgré ce soutien à l’égard du système de soins, six personnes sur dix continuent de penser que le système de Sécurité sociale coûte trop cher à la société et huit sur dix partagent l’idée que les dépenses de santé sont trop élevées car le système n’est pas bien géré.
Source : Le Baromètre d’opinion de la DREES
Le Baromètre d’opinion de la DREES suit chaque année, depuis 2000, l’évolution de l’opinion des Français sur leur santé et leur situation personnelle, sur la protection sociale ainsi que sur les inégalités et la cohésion sociale. Le caractère annuel et l’ancienneté de ce Baromètre en font un outil de suivi conjoncturel de référence pour appréhender le contexte social et l’évolution des opinions sur les politiques dont le ministère des Solidarités et de la Santé a la charge. En permettant de mettre en parallèle les évolutions perçues et réelles des politiques sociales et sanitaires, le Baromètre apporte un éclairage complémentaire aux travaux menés habituellement par la DREES.
L’échantillon utilisé est représentatif de la population qui réside en France métropolitaine (méthode des quotas par sexe, âge, profession de la personne de référence, après stratification par région et catégorie d'agglomération).
Pour mesurer spécifiquement l’effet de la formulation des questions, cette édition du Baromètre d’opinion a bénéficié d’un traitement particulier : pour la moitié de l’échantillon, la formulation de certaines questions a été adaptée en rappelant explicitement et spécifiquement le contexte de crise sanitaire. Ainsi, un ensemble de questions d’intérêt ont été présentées à la moitié des enquêtés sous leur formulation traditionnelle (par exemple, « La France consacre environ le tiers du revenu national au financement de la protection sociale. Considérez-vous que c’est… ? Excessif / Normal / Insuffisant / NSP »), tandis que l’autre moitié a répondu à une version concernant la période de crise : « La France consacre environ le tiers du revenu national au finance¬ment de la protection sociale. Dans le contexte de crise du Covid-19, considérez-vous que c’est… ? Excessif / Normal / Insuffisant / NSP ». Les enquêtés ayant été assignés de manière aléatoire à l’une ou à l’autre de ces formulations, l’écart entre les réponses de ces deux groupes peut alors être interprété comme étant le reflet d’une varia¬tion de l’opinion en fonction de la mention de la période de crise.